En regardant ce qu’il y avait à visiter vers Cracovie, j’ai bien sûre vu qu’il y avait Auschwitz. Oui mais voilà, avant d’emmener des enfants dans un tel site, forcément, on se pose des questions. Ni une ni deux, je demande son avis à une psychologue pour enfant.
Sa première réaction a été de me dire : « c’est la réalité ». En effet, là dessus, on est bien d’accord. Sauf que jusque là nous avons fait en sorte que Pauline ne soit pas trop confrontée aux faits d’actualité, et du coup nous prenions le risque (inutile il faut le dire) de lui faire réaliser les horreurs dont l’être humain est capable. Mais pour la psychologue, une visite comme celle-là, préparée et accompagnée avec des mots simples, n’est absolument pas contre-indiquée. Au fil de la discussion avec elle, j’y ai trouvé une opportunité d’aborder des sujets jusque-là évités d’autant plus que maintenant Pauline est en CP, et il y a beaucoup plus de « risques » qu’elle découvre ce qu’il se passe dans le monde.
Après de nombreuses réflexions, la décision est prise : Pauline fera partie de la visite. Quant à Arielle, vu l’âge je ne pense pas qu’elle comprendra !
La veille de la visite, me voilà donc lancée dans des explications sur la seconde guerre mondiale avec Pauline. J’ai essayé de lui présenter de la façon la plus simple possible l’inexplicable : les éternelles guerres au nom de la religion, de la couleur de peau et des idéologies, des guerres que les hommes mènent sans parfois sans avoir de réelles motivations autres que celle de se battre pour dominer les autres. Je ne sais pas si elle a vraiment compris en tout cas elle n’a pas posé de questions. Soit j’ai été très claire, soit on est complètement passées à côté…
Le jour J s’est déroulé sans encombre (juste mamie qui à oublié le pique-nique…) :
- 1h30 de petite route sans problème
- 2h de visite à Auschwitz avec une Pauline super sage. Le guide parlait dans un micro et nous avions le son directement dans un casque. Pratique pour se mettre à l’écart et parler sans déranger. Je m’en suis servie pour rester un peu en arrière et éviter les salles qui risquaient vraiment de la choquer, comme celles dédiées aux enfants d’Auschwitz où l’on voit des photos d’enfants squelettiques, ou encore les fours où là j’ai carrément joué la carte du « j’ai plus de batteries, donne moi tes écouteurs ». Lorsque nous n’entrions pas dans ces lieux, je lui ai simplement dit que je ne souhaitais pas qu’elle y entre. Pour une salle avec des cheveux, elle a insisté et on y est allées. J’ai personnellement été choquée par cette montagne de cheveux, elle à regardé sans vraiment réaliser ce que ça représentait : on coupe bien les cheveux chez le coiffeur ! Pour les autres salles que j’ai évitées, elle n’a pas protesté.
- Pour Birkenau, il y a beaucoup de marche. À la différence d’Auschwitz, j’ai pu la laisser courir. Elle a fait l’heure de marche sans broncher et s’est même recueillie sur le mémorial. Nous avons eu de la chance car nous avons eu un rayon de soleil. À proscrire sous la pluie surtout avec des enfants !
En résumé une journée surtout très longue avec beaucoup de piétinements à Auschwitz et beaucoup de marche à Birkenau, plus éprouvante pour nous que pour Pauline. Ce qu’on a vu est très abstrait pour une enfant de 6 ans, des choses qui ne sont pas imaginables pour elle avec des chiffres qui ne veulent rien dire. Comment peut elle réaliser l’extermination de 60 000 juifs français à Auschwitz quant déjà le mot « extermination » est difficile à comprendre, qu’elle compte à l’école jusqu’à 20, que le principe des religions qui sont différentes mais qui croient dans un même dieu lui semble très étrange, que finalement Auschwitz aujourd’hui c’est un dédale de bâtiments entourés d’herbe et d’arbres aux allées bien entretenus … Comment y projeter de tels massacres pour une enfant ? Quant à Birkenau comment imaginer de la même façon 80 à 100 personnes entassées dans un wagon à bestiaux si petit ?
Clairement ce que l’on voit aux journaux télévisés aujourd’hui est bien plus traumatisant !
PS : elle n’a pas reposé de questions bien que j’ai tenté d’échanger avec elle après la visite, et elle n’a pas fait de cauchemars !
salut Fanny,
C’est une belle initiative, et je pense que si pour le moment Pauline ne realise pas ce qu’elle a visité, les questions viendront au fur et à mesure qu’elle sera confronté à l’actualité.
Ce qu’elle a vu, elle ne l’oubliera pas et le comprendra avec le temps.
Tu lui as montré qu’il y a le bien et le mal et c’est déjà énorme.
En israel on nous dit tjrs de ne jamais cacher la vérité et/ou la réalité a nos enfants car ils sont bien plus fort et bien plus intelligent qu’on ne l’imagine. Leur dire les choses c’est les considérer et les respecter et ils le comprennent au plus profond d’eux.
Gros bisous!!!
Merci pour ce commentaire ! Ça fait du bien surtout après les regards noirs qu’on a eu de certaines personnes là bas… Mais j’assume !!
😉
Bonjour Fanny, je suis contente d’être tombée sur ton témoignage. Nous partons pour Cracovie fin décembre et j’hésite vraiment à me rendre à Auschwitz avec mes 3 enfants. Je pense que pour la plus grande qui a 15 ans, c’est faisable mais pour mon fils de 10 ans et ma petite dernière de 4 ans, ça me semble inapproprié…Qu’en penses-tu? Merci!